Les écosystèmes des hautes latitudes sont particulièrement sensibles aux changements environnementaux et sont sans aucun doute confrontés aux défis des changements climatiques modernes, ayant dépassés les seuils écologiques. Dans ces régions, les lacs offrent une utilité unique en agissant comme des sentinelles des changements environnementaux en archivant les conditions biogéochimiques passées dans leurs sédiments. Les lacs dans la région du Clements-Markham Inlet sont parmi les lacs les plus nordiques au monde; cependant, leur fonctionnement biogéochimique est largement inconnu. Mon projet consistera à reconstituer les conditions environnementales passées des lacs le long d’un transect altitudinal, non seulement pour comprendre comment ils réagissent aux variations climatiques, mais aussi pour déterminer si les lacs de haute altitude sont plus sensibles aux changements climatiques.
Le but de ce projet est de reconstituer les conditions environnementales passées de plusieurs lacs le long d’un transect altitudinal autour du Clements-Markham Inlet afin d’identifier les réponses biogéochimiques des systèmes lacustres aux changements climatiques. En comparant les assemblages de diatomées, je déterminerai si les changements dans le biote aquatique sont plus prononcés avec l’augmentation de l’altitude, ce qui pourrait indiquer une sensibilité accrue aux changements environnementaux. De manière générale, ce projet contribuera à une compréhension plus complète des environnements de l’Extrême-Arctique et des changements climatiques passés en général, en plaçant les conditions limnologiques actuelles dans un contexte à long terme.
Clements-Markham Inlet, situé dans la zone de protection marine de Tuvaijuittuq sur la côte nord de l’île d’Ellesmere, au Nunavut, a connu une importante variabilité climatique au cours de l’Holocène. La plupart des lacs autour de Clements-Markham Inlet n’ont pas encore été étudiés, mais on s’attend à ce qu’ils contiennent des informations précieuses sur les changements biogéochimiques passés dû à la variation climatique. Plusieurs lacs présentant des caractéristiques limnologiques similaires seront spécifiquement choisis le long d’un transect altitudinal afin de reconstituer les conditions environnementales passées et d’explorer l’importance de l’altitude dans cette région déjà sensible.
Au cours de l’été 2022, des échantillons de la colonne d’eau et de courtes carottes de sédiments, représentant environ 3000 ans de changements environnementaux, seront prélevés dans chaque lac. Les assemblages de diatomées seront comparés pour élucider les conditions environnementales passées ainsi que le pléoclimat régional sur une échelle temporelle déterminée par la datation radiométrique.
Cette reconstitution du paléoclimat à l’aide des assemblages de diatomées permettra de comprendre en détail comment les lacs à diverses altitudes ont été affectés par des variations climatiques passées. L’accent spécifique mis sur les diatomées en tant qu’indicateur biologique des changements environnementaux passés contribuera également à raffiner la taxonomie dans cette région, qui est relativement inconnue en raison des difficultés logistiques de l’échantillonnage. En sélectionnant des sites le long d’un transect altitudinal, je m’attends à déterminer s’il existe une sensibilité accrue aux changements climatiques à des altitudes plus élevées, ce qui n’a pas encore été exploré dans les régions du Haut-Arctique.