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Projet sur la dynamique des tourbières en relation avec les changements climatiques et l’occupation humaine en Islande

Ce projet de maîtrise vise la compréhension de l’établissement et de l’évolution spatio-temporelle des tourbières du nord-est d’Islande en relation avec le climat, l’occupation et les activités humaines. Le climat humide du nord-est de l’Islande a permis l’établissement des tourbières depuis 6000 ans BP (Hallsodttir et Caseldine 2005). L’ampleur de leur expansion a été sans doute influencée par les variations climatiques des derniers mille ans, dont le Petit Optimum Climatique (POC, environ 1050 à 1150 AD) et le Petit Âge glaciaire (PAG, 1500-1850). Les Vikings puis les Norois et les Islandais exploitaient les tourbières pour diverses fins. Par exemple, ils prélevaient les blocs de tourbe pour construire leurs maisons et ils s’en servaient pour le pâturage pour les moutons et autres animaux. L’extraction du fer contenu dans certains types de tourbe aux 15ième et 16ième siècle était une activité économique importante nécessitant de grandes quantités de charbons issus du bois du bouleau. Le charbon servait à faire fondre l’hématie retrouvé sous forme de minces couches consolidées dans certains niveaux de marais ou de tourbière dans le but d’en extraire (McGovern et al. 1988). L’exploitation massive du bouleau a engendré une déforestation et une dénudation des terrains qui auraient été par la suite colonisés par des tourbières.

La vallée Svalbard, orientée nord-est sud-ouest, est caractérisée par une mosaïque de tourbières et de champs de thufurs. Elle renferme également plusieurs sites d’anciens établissements humains. Ces sites sont répartis de la côte à entre 20 et 30 km à l’intérieur des terres (Olafsson et al. 2013) et de 5 à 197 mètres d’altitude. La principale ferme de cette vallée, Svalbard, est située à 2 km de la côte. Elle est toujours en activité, et ce depuis le 10ième siècle. Durant les 1000 dernières années, plusieurs fermes satellites auraient été établis dans le reste de la vallée puis abandonnées à quelques reprises. L’occupation a probablement atteint sa plus grande expansion durant ou à la suite du POC. La quasi-totalité des fermes fut abandonnée à divers moments et les motifs restent nébuleux. Les causes pourraient être associées au climat, volcanisme, épidémies, guerres, ou d’autres motifs.

Les objectifs de ce projet sont donc: 1) dater l’établissement des tourbières dans la vallée Svalbard; 2) comprendre leurs évolutions en fonction des changements climatiques de l’Holocène et 3) retracer les impacts anthropiques sur l’évolution de ces écosystèmes.

L’occurrence des tourbières aux alentours des sites archéologiques (anciennes fermes satellites) qui sont réparties de la côte au fond de la vallée permettra de documenter l’évolution des tourbières dans un contexte de changements climatiques et de l’anthropisation. Les méthodes que nous privilégions incluent les analyses macrofossiles et diatomifères. Les données obtenues par cette étude seront ajoutées à celles déjà entreprises ou en cours en archéologie, zoo-archéologie et paléoécologie (Zutter 1992; Woollett 2008; Roy en cours) permettront une meilleure documentation de la relation Humain-Environnement dans cette partie de l’Islande.

C. Zutter (1992) Icelandic Plant and Land-Use Patterns: Archaeobotanical Analysis of the Svalbard Midden (6708-60). Dans: C. Morris and J. Rackham (eds.) Norse and Later Subsistence in the North Atlantic. Glasgow, University of Glasgow Department of Archaeology. pp. 103-121.

J. Wollett (2008) Preliminary Report of Archaeological Fieldwork at Svalbard (Svalbardshreppur), Université Laval, département d’histoire, pp. 1-23.

Hallsodttir, M., Caseldine, C. (2005) The Holocene vegetation history of Iceland, state-of-the-art and future research. In: Caseldine, C., Russell, A., Harjardo´ ttir, J., Knudsen, O. (Eds.), Iceland: Modern Processes and Past Environments. Elsevier, Amsterdam, pp. 319–334.

Ólafsson, S. et al. (2013) Interim Report of the 2012 fieldwork programme in Svalbarðshreppur: Hjálmarvík and Sjóhúsavík. Fornleifastofnun Íslands ses and Centre d’études nordiques / Université Laval, Reykjavík, 27 pages.

Van Vliet-Lanoë, B. et al. (1998) Thufur Formation in Northern Iceland and its Relation to Holocene Climate Change. Permafrost and periglacial processes, vol. 9, pp 347-365.

McGovern et al. (1988) Northern Islands, Human Error, and Environmental Degradation: A View of Social andEcological Change in the Medieval North Atlantic. Human Ecology, vol. 16, no. 3, pp. 225-270.