Situé sur le territoire du Parc National des Pingualuit, le lac Pingualuk est aussi connu sous le nom de Cratère du Nouveau-Québec ou d’oeil de cristal du Nunavik, en raison de la limpidité extraordinaire de ses eaux. La cuvette de ce lac a été formée par la chute d’une météorite survenue il y a 1,4 million d’années. Sa profondeur atteint 267 mètres par endroit, ce qui en fait l’un des plus profonds lacs du Nord canadien. L’eau qui l’alimente provient exclusivement des nuages et la plupart des formes de vie aquatique qu’on y trouve auraient colonisé le lac au cours de brèves périodes de contact avec les lacs environnants, qui seraient survenues après les glaciations. Le lac cratère au centre du parc des Pingualuit au Nunavik est un lieu exceptionnel à l’échelle planétaire sur les vieux continents, car celui-ci représente un archive scientifique inestimable à cause de son âge et sa profondeur. En vertu de sa forme, son fond a pu échapper au raclage par la glace mouvante lors des glaciations, permettant ainsi l’accumulation de sédiments très vieux qui fourniraient des renseignements inédits sur les changements climatiques et environnementaux antérieurs.
En décembre 2005, le professeur Reinhard Pienitz du Centre d’études nordiques et du département de géographie a obtenu une subvention importante pour étudier la longue séquence sédimentaire renfermant l’histoire géologique et bioclimatique de cette région. Puis, en mai 2007 (avec une année de retard provoqué par la planification du nouveau Parc National des Pingualuit), une équipe internationale dirigée par R. Pienitz est rentrée du Nunavik après avoir réussi à prélever une carotte de sédiments longue de neuf mètres au fond du lac Pingualuk. Grâce à ce matériel, les chercheurs espèrent reconstituer l’évolution des conditions climatiques et environnementales au cours des 200,000 dernières années, ce qui en ferait l’une des plus longues séquences jamais obtenues dans l’hémisphère Nord à l’aide de sédiments lacustres. L’expédition, financée par la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l’atmosphère (FCSCA), comportait également un volet sur l’étude des populations actuelles de ce plan d’eau. Les chercheurs ont notamment récolté des spécimens d’ombles chevaliers dans les eaux de ce lac et d’un lac voisin. Ces derniers serviront à étudier le transport aérien et la répartition des contaminants dans l’environnement nordique, de même que l’évolution et la génétique de cette population isolée de poissons. Au cours des prochaines années, une trentaine de chercheurs au Canada, aux Etats-Unis, en Finlande, en Suède et en Suisse participeront à l’analyse des données recueillies pendant les deux semaines de l’expédition.