Ce projet de recherche vise à élucider l’impact des populations animales actuelles et passées sur les écosystèmes lacustres (lacs, étangs) de l’île Bylot. La population de la Grande Oie des Neiges (Chen caerulescens atlantica) a dramatiquement augmentée sur l’île depuis les dernières années, ce qui s’accompagne d’une augmentation des déjections animales. Ce phénomène a profondément bouleversé les concentrations relatives de divers éléments (carbone, azote et phosphore) dans les lacs oligotrophes arctiques naturellement improductifs. L’apport accru de ces nutriments, combiné à l’augmentation de la température provoquée par la plus grande sensibilité des écosystèmes de hautes latitudes aux changements climatiques, semble causer de grands bouleversements dans le fonctionnement et la composition des lacs arctiques.
Les techniques de paléolimnologie seront utilisées pour cette recherche. La paléolimnologie est une science multidisciplinaire qui étudie l’information biologique, chimique et physique préservée dans les sédiments qui s’accumulent au fond des lacs. C’est une approche qui s’est avérée importante pour les études de reconstitution des changements environnementaux à la fois naturels et anthropiques, incluant les études sur les perturbations d’origine animale.
En prélevant des carottes sédimentaires de différents lacs situés près des colonies d’oiseaux, nous testerons le potentiel de l’application des techniques de paléolimnologie afin de retracer les changements à long terme dans l’abondance de nutriments dans les lacs, leur contamination ainsi que l’évolution des populations d’Oies des Neiges (Chen caerulescens atlantica) sur l’île. On effectuera l’analyse en laboratoire de fossiles microscopiques d’algues (diatomées), d’invertébrés (chironomides, cladocères) et d’isotopes stables (δ15N), jumelé à des techniques de datation à l’aide d’isotopes radioactifs (210Pb, 137Cs, 14C).